Guide de confession
Carême 2022
Depuis le début du carême, nous sommes invités à prendre le temps, notamment pendant ces 2 semaines de retraite à la maison, de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, et d’ouvrir nos cœurs à sa présence.
Le Carême est aussi le temps de la réconciliation, et du pardon demandé et reçu. Nous sommes invités à revenir à Dieu de tout notre cœur, à nous réconcilier avec Lui et avec nos frères ; et à nous préparer à vivre le sacrement de réconciliation.
Comment se confesser?
Une suggestion du Cardinal Martini (ancien archevêque de Milan)
Je ne veux pas ici faire une étude pastorale, mais simplement faire une suggestion à ceux qui ont peut-être, à un moment donné, espacé de plus en plus leurs confessions sans réussir à bien analyser le pourquoi et sont dans l’incapacité de reprendre une pratique désormais formelle, à cause d’un malaise intérieur. Je voudrais proposer une suggestion uniquement parce qu’elle m’a été utile. Chacun offre ce qu’il a expérimenté de positif. Je me suis demandé, ou le Seigneur m’a inspiré de me demander, lorsqu’une confession courte et à la hâte me pesait, pourquoi ne pas essayer de la faire plus longue et avec le plus de calme. Cela a l’air d’un paradoxe, mais parfois, même les paradoxes aident à sortir de situations bloquées. Alors, avec l’aide de quelqu’un d’autre, je suis passé de la confession à ce que j’appellerais un dialogue pénitentiel…Ce dialogue, d’ailleurs, ne fait que développer les indications données par la dernière révision du rite pénitentiel publiée par le Saint-Siège et appliquées par les conférences épiscopales, qui élargit grandement la possibilité d’y insérer prière et lecture de l’Ecriture Sainte.
Il me semble qu’il s’agit avant tout d’un dialogue avec un frère qui représente l’Eglise, donc un prêtre, en qui je vois un représentant direct de Dieu : un dialogue fait en priant ensemble, dans lequel je présente ce que je sens en moi, en ce moment : je me présente tel que je suis, devant l’Eglise et devant Dieu.
Reconnaître ce qui me donne la joie
A mon avis, ce dialogue comporte essentiellement deux parties : la première que j’appelle “confessio laudis”, c’est-à-dire confession d’après le sens primitif du terme. Là aussi, on peut partir d’un paradoxe : s’il est chaque fois si pénible et si difficile de dire mes péchés, pourquoi ne pas commencer par les bonnes actions ? Saint Ignace lui-même le suggérait dans les “ Exercices”, prenant comme premier point l’action de grâces (Ex. Sp. n°43) : « Seigneur, je veux d’abord te remercier parce que tu m’as aidé, telle chose a eu lieu, j’ai pu me rapprocher de telle personne, je me sens plus serein, j’ai dépassé un moment difficile, j’ai pu mieux prier. »
Remercier Dieu de ce que je suis, de son don, sous forme de dialogue, de prière, de louange ; reconnaître ce qui maintenant devant Dieu, me donne la joie : je suis content de telle ou telle chose, passée ou présente. Il est important que ces choses émergent devant le Seigneur : la reconnaissance de sa bonté pour nous, de sa puissance, de sa miséricorde.
Reconnaître ce qui me met mal à l’aise
Cela fait, on peut passer à ce que j’appelle “confessio vitæ ”que je définirais comme ceci : plus qu’une recherche et qu’une énumération de péchés formels, c’est-à-dire devant Dieu ce qui maintenant me met mal à l’aise, ce que je voudrais faire disparaître. Souvent, ce sont des attitudes, des façons d’être, plus que des péchés formels, mais au fond, les causes sont les douze attitudes que répertorie saint Marc (Mc 7, 21) : orgueil, envie, cupidité…qui émergent dans ces états d’âme.
Ou bien, je dirai devant Dieu : je regrette de ne pas pouvoir parler sincèrement avec telle personne, mon rapport n’est pas authentique avec tel groupe, je ne sais pas par où commencer. Je regrette de ne pas réussir à prier, je me sens mal à l’aise d’être pris par ma sensualité, par des désirs que je ne voudrais pas avoir, des fantasmes qui me troublent. Je ne m’accuse peut-être d’aucun péché en particulier, mais je me mets devant le Seigneur et lui demande qu’il me guérisse.
Il ne s’agit pas vraiment de mettre sur la table trois ou quatre péchés, pour qu’ils soient annulés, mais d’une immersion baptismale dans la puissance de l’Esprit : Seigneur, purifie-moi, éclaire-moi, illumine-moi. Je ne demande pas seulement dans cette confession que soit annulé tel ou tel péché, mais que mon cœur soit changé, qu’il y ait en moi moins de lourdeur, moins de tristesse moins de scepticisme, moins d’orgueil. Je ne sais peut-être pas par où commencer, mais je mets tout cela dans la puissance du Crucifié et du Ressuscité par la puissance de l’Eglise.
De là, naît une prière qui peut être faite avec le prêtre : on peut réciter un psaume, une prière de la Bible, de remerciement ou de demande, ou même une prière spontanée sur laquelle une absolution sacramentelle vient comme la manifestation de la puissance de Dieu que je demande parce que je ne suis pas capable de m’améliorer tout seul. Je me remets une fois encore sous la croix, sous cette puissance qui m’a baptisé pour qu’une fois encore elle me reprenne en main.
Un dialogue pénitentiel
Voilà ce que j’entends par dialogue pénitentiel : ce n’est pas seulement un dialogue psychologique, ou une sorte de thérapie. Il n’est pas nécessaire que le confesseur me révèle les sources secrètes de mes fautes : cela pourrait aussi avoir lieu avec un spécialiste du cœur humain, mais même si le confesseur est une personne qui ne sait pas grand chose du cœur humain, il peut toujours prier pour moi sur moi et avec moi.
Il s’agit de se soumettre à la puissance de l’Eglise et donc de retrouver la valeur du sacrement : je vais me confesser non pour sentir des choses intéressantes ou pour voir quel conseil on me donne, mais parce que c’est moi qui dois me soumettre à la puissance de Dieu, et cela me suffit, me donne la joie et la paix.
C’est donc, avec de nombreuses variantes possibles, une suggestion que je souhaitais vous donner. Il est clair que, de cette façon, la confession peut durer longtemps, mais on l’affronte plus volontiers car l’on voit ce qu’elle signifie dans son chemin vers Dieu. A chacun d’entre vous, le Seigneur aura probablement suggéré d’autres formes qui pourront aussi être communiquées utilement en tant qu’expériences, car elles pourront en aider d’autres.
En pratique…
Comme le dit le rituel du sacrement de pénitence et de réconciliation, il s’agit de confesser l’amour de Dieu en confessant ses péchés.
Le verbe confesser est le synonyme de professer ; il signifie dire de tout mon être, avec mes tripes et tout ce qui me constitue comme homme, femme, croyant/e.
Professer, confesser la foi chrétienne et ses péchés : c’est un même mouvement.
Il s’agit donc du même levier ; confesser l’amour de Dieu en reconnaissant humblement mes péchés.
Si je pars de mes péchés, rien d’original, ils sont toujours les mêmes ; bien souvent, je retombe dans les mêmes travers.
1) Rendre grâce au Seigneur : reconnaître ce qui me donne la joie, à la lumière de la Parole de Dieu
En reconnaissant la grandeur de son amour pour moi, les signes de Sa présence dans ma vie :
« Depuis ma dernière confession, j’ai reçu telle parole de la Bible ou d’un/e sainte, qui m’a éclairé/e, réjoui/e. J’ai lu tel livre, tel article, vu tel film qui m’a permis de grandir en humanité et dans ma foi. J’ai rencontré tel frère/ sœur chrétien/e qui m’a permis de découvrir tel aspect nouveau de la foi…
2) Reconnaître ce qui me met mal à l’aise ; ensuite et seulement ensuite, dire clairement et simplement mes péchés.
Il est bon de livrer tout ce que l’on a sur le cœur, à la lumière de la Parole de Dieu. Cependant tout chasseur sait qu’on ne poursuit bien qu’un lièvre à la fois ; dans tous mes péchés confessés, j’en choisis un sur lequel je veux particulièrement progresser, avancer, grandir, en ce carême 2022.
Par exemple : « poser un regard bienveillant sur mon voisin qui vient d’être promu dans son travail et me réjouir de ses réussites me pèse, suscite en moi jalousie et amertume. » Je prie Jésus afin qu’il me donne de regarder mon voisin avec bienveillance.
3) Un dialogue pénitentiel
J’en parle avec le prêtre qui, au nom de Jésus, va m’aider à trouver et choisir un chemin de conversion sur ce péché.
Actes de contrition, au choix (extrait du rituel célébrer la pénitence et la réconciliation) :
Mon Dieu, j’ai un très grand regret de t’avoir offensé, parce que tu es infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché te déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de ta sainte grâce, de ne plus t’offenser et de faire pénitence
Mon Dieu, j’ai péché contre toi et mes frères, mais près de Toi se trouve le pardon. Accueille mon repentir et donne-moi la force de vivre selon ton amour.
Jésus, Fils de Dieu Sauveur, prends pitié de moi, pécheur.
Père, j’ai péché contre Toi et mes frères. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends pitié du Seigneur que je suis !